Dans un avenir immédiat, on espère voir éclore des statues à l’effigie du groupe américain Suicide. En 1974, le duo composé d’Alan Vega et Martin Rev allait révolutionner les cinquante années à venir avec son rock électronique sauvage. Au fil des ans, leurs descendants sont devenus de plus en plus nombreux.
2019, les duos electro dark ont le vent en poupe. Pas un mois sans qu’une nouvelle formation pointe le bout de son Khôl. Les Américains Boy Harsher existent depuis 2014 et font presque office de vétérans. Augustus Muller aux instruments et Jae Mattews au chant revisitent le dark wave en privilégiant rythmes binaires et ambiances sombres. Le couple connait ses classiques issus des 80’s, au hasard Kas Product, DAF, Front 242. Mais au delà de ces références incontournables, on devine le duo habité de new beat et techno. Comme si Lil’ Louis et Soft Cell avaient croisé le synthé dans une backroom.
La voix de Jae se montre à la fois éthérée et sexy sur ‘Face The Fire’, ‘Come Closer’ et ‘Fate’. Les rythmes s’emballent et les claviers ressortent des sons oubliés typés Roland XP comme ces violons tout en crescendo métalliques qui rappellent Eurythmics ou Propaganda particulièrement sur ‘LA’.
Boy Harsher sait être plus doux. Sur ‘Lost’ et ‘Tears’, la voix en mode talk over se fond sur les beats plus légers. Moins shoegaze que Schonwald, le duo est à ranger dans le tiroir capitonné de velours noir à coté d’Essaie Pas ou Adult, privilégiant les sons de synthèse et largue la voix féminine dans les catacombes du ciel.
Globalement le style reste linéaire mais les détails regorgent de surprises. Et comme souvent, la voix et les arrangements font la différence. Et pour le coup Boy Harsher a une longueur d’avance sur la concurrence.
Mathieu M