En 2018, alors que l’ex leader de Pavement assurait la promotion de son nouvel album Sparkle Hard, enregistré avec The Jicks, il dévoilait l’existence d’un album solo aux couleurs électro. Sa maison de disque avait apprécié.
L’électronique et Pavement, c’est une histoire ancienne. Dès 1993, les deux fondateurs Malkmus et Spiral Stairs s’essayaient à quelques expérimentations sur Westing (By Musket And Sextant) et franchissaient le pas synthétique en 2000 sur ‘Robyn Turns 26′, une compilation dédiée à la GrooveBox, un module rassemblant séquenceur et boites à rythmes.
Sur Groove Denied – clin d’œil à la maison de disque ? – Stephen Malkmus a empilé une collection de titres composée en parti avec des machines et un ordinateur. Spécialement durant sa période berlinoise, tant la capitale allemande a marqué les artistes en villégiature à l’instar d’un Tim Gane de Stereolab ou du français David Lespes de Pull.
Les quatre premiers titres redorent les boîtes aux rythmes tordus et sons douteux. L’hypnotique ‘Belziger Faceplant’ maltraite la voix dans un tourbillon malsain alors que ‘A Bit Wilder’, surprenant titre cold, sonne comme un hommage à Section 25, période Always Now.
Plus pop, plus entraînant, ‘Come Get Me’ et ‘Viktor Borgia’ sont de véritables réussites bricolées aux mélodies imparables. Les boucles anxiogènes de ‘Forget Your Place’ nous plongent dans le Berlin underground des clubs qui ne ferment jamais. Toujours avec cette nonchalance qui est sa marque de fabrique.
Spécialiste du grand écart, Malkmus prend plaisir à revisiter les accords sixties cher à JJ Perey sur ‘Rushing The Acid Frat’. Guitares bourrées de Fuzz, chants et chœurs psychés – perchés nous ramènent à ce que pouvait faire Beck ou Locust Fudge au siècle précédent. Quelques titres d’apparence faiblards – ‘Bossviscerate’ ou ‘Love The Door’ – tendent vers un folk rock inoffensif mais sauvés par des accords et solos aventureux. Quant à ‘Ocean Of Revenge’, il rappelle étrangement le single ‘Stereo’ de Pavement.
Groove Denied s’écoute donc comme un rendez vous un peu foireux mais pas dénié de charmes.
Mathieu M.