L’album précédent The Demonstration (2016) avait connu un succès critique qui s’est manifesté par une tournée à n’en plus finir. A croire que l’électro pop atmosphérique jouée par deux androgynes redorant le port de perruques, toges et lunettes futuristes suscitaient un quelconque intérêt. Il est vrai que les compositions nébuleuses de Deb Demure – le compositeur de Drab Majesty– sont d’une éclatante efficacité qui vous amènent dans des contrées familières et éloignées à la fois. Enlevez le nappage d’effets, il reste des compositions que l’on aurait pu croiser auprès de Human League ou Sister Of Mercy.
Car sur certains titres, le timbre de Deb Demure – Andrew Clinco dans la vie civile – est très proche de celui d’Andrew Eldritch et la guitare suintante de chorus et de réverbérations instaure une couche de ouate sonore de belle facture quant les machines synthétiques assurent une base typiquement new wave.
Leur troisième album Modern Mirror reprend les choses là ou les américains les avaient laissées en 2016. Enfin presque puisque les nouvelles compositions, sans surprise, ont tendance à se perdre dans les dédales éthérés d’arrangements aux sons convenus. Les couches de guitares et de claviers pèsent sur l’impact des titres et instaurent une certaine monotonie.
‘Long Division’ et ‘Out of Séquence’, deux derniers titres de l’album, sortent du lot par leurs traitements sonores simplifiés. Les mélodies sont soutenues par des séquenceurs efficaces comme pouvait l’être Wire durant sa période électro pop (1989). Rapide et catchy, ces deux titres s’inscrivent plus dans la lignée passée du duo et ne s’encombrent pas de surplus.
Les singles ‘Ellipses’ et ‘Noise of The Void’, de belles compositions, malgré une instrumentation digne du Fog californien, vous plongent dans le coté obscur de Los Angeles. Pantalons à pinces, cocktails et coke Malibu en options.
Plus épurés, les huit titres auraient gagnés en efficacités. Malgré tout, Modern Mirror est attachant et baigne dans une nostalgie mélancolique ou « Tragic Wave » comme Drab Majesty se définit, telle une brume sonore anesthésique dans laquelle Donald Trump aurait encore quarante ans.
Mathieu M